Exploitation dans les contrats Louis Vuitton : Loro Piana sous administration judiciaire

Milan, 14 juillet. (LaPresse) – Nouveau cas d'exploitation dans le secteur de la mode internationale. Le tribunal de Milan a ordonné la mise sous administration judiciaire pendant un an de Loro Piana spa, marque de luxe de Vercelli contrôlée par la multinationale française LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE, pour avoir établi des « relations stables » de travail « avec des personnes se livrant à l'exploitation des travailleurs » et facilité « par négligence » le caporalato chinois tout au long de la chaîne de production du cachemire en Italie. Dans le cadre de l'enquête menée par le procureur de Milan Paolo Storari, les carabiniers du Comando Tutela Lavoro – Groupe de Milan ont reconstitué une chaîne de « sous-traitance non autorisée » articulée sur au moins 4 niveaux afin « d'employer de la main-d'œuvre irrégulière et clandestine » en violation des normes de santé et de sécurité et sans respecter les conventions collectives nationales du secteur en matière de salaires, d'horaires de travail, de pauses et de congés. Loro Piana (2 294 employés, près de 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2024 et 389 millions d'euros de bénéfices) ne s'occuperait que du « prototypage » des vêtements, dont les précieuses vestes en cachemire de la marque dirigée par Antoine Arnault, fils de Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France et parmi les 10 premiers au monde en termes de patrimoine, tandis que la production serait externalisée à des sociétés « sans aucune capacité de production » (employés ou machines pour travailler la matière première) qui, à leur tour, sous-traitent les travaux à des ateliers clandestins chinois afin de réduire les coûts. Au cours des inspections menées dans le cadre de l'enquête, lancée en mai 2025 à la suite de la plainte d'un travailleur pour caporalato et blessures, battu et blessé par son employeur chinois parce qu'il avait demandé le paiement de ses arriérés de salaire, les militaires du Nucleo ispettorato lavoro (unité d'inspection du travail) et du Nucleo operativo del Gruppo per la tutela del lavoro (unité opérationnelle du groupe pour la protection du travail) de Milan ont identifié au moins 21 travailleurs, dont 10 employés au noir et 7 en situation irrégulière en Italie, payés en dessous du salaire horaire minimum, sans formation ni surveillance sanitaire des lieux de travail. Les travailleurs auraient été contraints de vivre dans des « dortoirs » illégaux dans des « conditions d'hygiène et de salubrité inférieures au minimum éthique ». Deux entrepreneurs chinois ont été dénoncés et l'un d'eux a été arrêté en flagrant délit d'exploitation, tandis que deux autres propriétaires d'entreprises italiennes sont poursuivis pour violation des réglementations en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail. Des amendes d'un montant total de 181 482,79 euros et des sanctions administratives de 59 750 euros ont été infligées.