Rome, 24 janvier (LaPresse) – La demande de la CSC d'un cas de protection contre les paroles du ministre Nordio « Je considère qu'il s'agit d'une initiative juste. Les déclarations de la ministre sont génériques, elles s'inscrivent dans la masse et n'ont pas de sens institutionnel ». C'est ce qu'affirme, dans une interview à Repubblica, le procureur de Naples, Nicola Gratteri, qui ne sait pas s'il se joindra à la manifestation qui se déroulera au moment où Nordio s'exprimera lors de l'inauguration de l'année judiciaire : « J'y réfléchis. Je n'ai pas encore décidé », dit-il, mais il n'est pas d'accord avec les propos du ministre sur les procureurs “super flics” : »Le ministre cite des cas spécifiques et précis où il a exercé une action disciplinaire, c'est-à-dire où il a ordonné des inspections ciblées, des enquêtes. Mais je doute qu'il ait des éléments ». Sur la séparation des carrières, il déclare : « Ils le font pour affaiblir le procureur ». Prochaine étape ? Sa soumission au contrôle du pouvoir politique. Mais laissez-moi vous dire autre chose. On crie souvent au scandale et à la séparation des carrières après un excellent acquittement. Ce qui est un paradoxe. Mais excusez-moi : si le juge a acquitté, à quoi bon séparer les carrières ? Cela n'aurait de sens que s'il condamnait et qu'il s'avérait qu'il avait passé un accord avec son collègue procureur. Au contraire, un acquittement, qu'il soit excellent ou non, est symptomatique de l'autonomie du juge. L'appartenance à un même ordre n'a donc aucune importance. Les juges ne répondent qu'à la loi et à leur conscience ». Le projet de révision constitutionnelle, selon Gratteri, « ne peut être que néfaste. La séparation des carrières transformera le procureur en super-flic, et il perdra la culture de la compétence et du statut de tiers ». En effet, pour ceux qui citent des martyrs, je leur rafraîchis la mémoire : Falcone et Borsellino ont changé de fonction. Ils ont été juges et procureurs. C'est le modèle à sauver ». Gratteri, en revanche, est d'accord avec l'idée de tirer au sort les membres du Csm : « Oui, j'y souscris. Sinon, les nominations et les évaluations risquent d'être le résultat d'accords partisans ». Selon Gratteri, cependant, « un système lourd a été lâché d'en haut, planifié par des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une salle d'audience et qui n'ont pas évalué l'impact réel sur le travail des magistrats. Il aurait fallu faire l'expérience sur le terrain, avec des initiés. Au lieu de cela, ce fut un désastre ». Et l'arrêt des interceptions après 45 jours « paralyse les enquêtes en général ». J'aimerais alors comprendre quels seraient ces abus. Les interceptions sont autorisées par un juge, sur la base d'hypothèses précises et rigoureuses. Cela aura pour effet que, pour donner un exemple, dans le cas d'un enlèvement, les ravisseurs n'appelleront jamais les proches des victimes avant 45 jours, parce qu'en l'absence d'éléments précis, le juge n'a pas pu prolonger l'écoute. Là, ça n'a pas de sens ».

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