Rome, 2 août (LaPresse) – « L’avertissement de Grossman est juste parce que, lorsque l’on en arrive à affamer une population — même si les responsabilités sont partagées avec le Hamas (et Grossman lui-même le reconnaît) — le risque d’atteindre l’indicible existe. Cela me fend le cœur de voir Israël sombrer dans une telle abomination, avec certains ministres fanatiques, les yeux hors des orbites, criant des propos d’une virulente inhumanité, ou avec des groupes de colons commettant des actions squadristes honteuses contre des Palestiniens sans défense en Cisjordanie », a déclaré la sénatrice à vie Liliana Segre dans une interview à Repubblica.
« David Grossman, avec sa sensibilité exceptionnelle, avertit également du danger de l’usage instrumentalisé et paroxystique du mot ‘génocide’, utilisé ici en Occident dès le lendemain du 7 octobre. Il dit en effet : ‘Nous devons trouver un moyen de sortir de cette association entre Israël et le génocide. Avant tout, nous ne devons pas permettre à ceux qui ont des sentiments antisémites d’utiliser et de manipuler le mot génocide’ », a-t-elle ajouté.
« Si en Israël le problème est de s’arrêter au bord de l’abîme, ici en Europe le problème est double : aider les Israéliens et les Palestiniens qui risquent de sombrer dans cet abîme, mais en même temps empêcher la propagation ici de la barbarie culturelle qu’un enrôlement acritiquede l’un ou l’autre des deux fronts extrêmes produit. C’est pourquoi je me suis toujours opposée et continue de m’opposer à un usage du terme génocide qui n’est pas analytique, mais très vindicatif. C’est une façon de se défaire de la responsabilité historique de l’Europe, inventant une sorte de châtiment insensé, un renversement sur les victimes du nazisme des fautes d’Israël aujourd’hui dépeint comme un nouveau nazisme. »