Turin, 16 mai (LaPresse) – "Enfant, j'ai rencontré le ‘monstre’ qui a tenté de profiter de ma situation." Ce sont les mots bouleversants du danseur et chorégraphe Enzo Paolo Turchi, invité de Nunzia De Girolamo dans l’émission Ciao Maschio, diffusée samedi 17 mai en seconde partie de soirée sur Rai 1 après la finale de l’Eurovision.
"Malheureusement, mon enfance a été très compliquée à cause d’une situation familiale difficile. Ma mère disparaissait. Elle avait de graves troubles mentaux, elle partait pendant dix jours, et on finissait par la retrouver comme ça", a-t-il raconté.
"Mon père est parti, je l’ai vu seulement trois fois dans ma vie, la dernière étant à sa mort. J’ai compris bien plus tard : il y avait eu un drame dans la famille. À la fin de la guerre, en 1945, j’avais deux petites sœurs, une de 12 ans et une autre de 18 mois. Malheureusement, un char les a écrasées, elles sont mortes.
J’ai détesté ma mère parce qu’elle me laissait seul. À quatre ans, je me cachais, je ne disais rien à personne, j’ai même dormi dans des cages d’escaliers."
À la question de De Girolamo : "As-tu rencontré quelqu’un qui ait voulu profiter de ton mal-être ?", Turchi a avoué : "J’ai vécu des choses très sombres."
"Tu as rencontré le monstre ?", a-t-elle insisté. "Oui, j’ai rencontré le monstre. Ce sont des choses très douloureuses que je préfère ne pas évoquer, car elles me dérangent encore profondément."
"J’ai aussi subi des préjugés", a-t-il poursuivi, "parce que j’étudiais la danse. C’était très dur. En sortant, j’entendais des moqueries, de la musique derrière moi. Mais j’ai compris que c’était ma voie, car je me disais : ‘Il y a déjà un générique.’
J’ai haï mes deux parents, mais si je pouvais les revoir aujourd’hui, je leur demanderais pardon. Car la perte d’un enfant est, je crois, la pire douleur qui puisse exister."